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Confidences inédites sur la défaite du M23

Written By FODABI on vendredi 6 décembre 2013 | 05:59

Pomme Orange, c’est le nom de code de l’offensive FARDC-MONUSCO à la base de la déroute des rebelles pro-Rwandais début octobre 2013. Son triangle de feu: Kabila, Etumba et Bauma
Qui veut voler la victoire des Forces armées de la RD-Congo -FARDC- sur la rébellion du Mouvement du 23 mars -M23? Bien d’observateurs s’interrogent ainsi au regard de l’avalanche de réactions tendant à justifier la fulgurance de la mise en déroute des rebelles. D’autres cherchent à se mettre en vedette et s’attribuer des hauts faits d’arme pour cet événement sans précédent dans l’histoire de la RD-Congo depuis son indépendance.
 
Certains, dans le but de relativiser la montée en puissance des FARDC, ont laissé croire que la défaite des rebelles était le fait de l’intervention décisive de la Brigade onusienne d’intervention, surtout avec ses attaques héliportées. D’autres l’attribuent à la neutralisation du Rwanda suite à des pressions téléphoniques de Washington et Londres sur le Rwandais Paul Kagamé connu notoirement pour son soutien massif au M23.
Dans la classe politique RD-congolaise, une tendance a avancé que cette victoire serait le fruit d’une génération spontanée, simplement dans le but d’en exclure la contribution et les mérites du Commandant suprême des FARDC, Joseph Kabila Kabange.
La version voudrait, en effet, que les troupes se soient patriotiquement ragaillardies en se passant de la colonne de commandement pour laver l’affront qu’elles avaient subi en novembre 2012 lorsqu’elles étaient obligées de décrocher de Goma à la suite, notamment, de la désorganisation de la chaîne de commandement truffée de traîtres et autres affairistes.Heureusement, des coins de voile commencent à se lever pour faire la lumière sur ce qui passe pour une énigme ou, tout au plus, une surprise, surtout aux yeux des stratèges militaires.
Comment expliquer se regain de puissance, cette nouvelle organisation et se moral si vite retrouvée par une armée que personne ne donnait pour plus qu’une meute de joyeux lutins? Les documents disponibles font état d’une opération dite «Pomme orange» conçue et conduite personnellement par le Président de la République avec le concours immédiat de deux officiers généraux: Didier Etumba, Chef d’état-major général des FARDC, et Jean-Lucien Bauma, commandant à la 8ème Région militaire du Nord-Kivu.
AfricaNews a eu accès à quelques renseignements soigneusement gardés. L’offensive menée contre les rebelles du M23 a été préparée pendant des longs mois, dans la discrétion la plus totale.
Les documents disponibles font état d’une opération dite «Pomme orange» conçue et conduite personnellement par le Président de la République avec le concours immédiat de deux officiers généraux: Didier Etumba, Chef d’état-major général des FARDC, et Jean-Lucien Bauma, commandant à la 8ème Région militaire du Nord-Kivu.
Et le général Olenga? Intéressante question, surtout lorsque l’on se souvient que ce galonné  figure parmi les personnalités hyper-médiatisées, à travers leurs propos, après la victoire des FARDC. Des témoins sur terrain renseignent qu’en fait, cette fois-ci, le commandant de la Force terrestre n’est jamais arrivé au Nord-Kivu, où était basé le poste de commandement avancé. Le Général Olenga, nommé Chef d’état-major de la force terrestre, n’avait été vu qu’à Minova, au Sud-Kivu, où il avait réorganisé les troupes après la mésaventure de Goma.
Interpellé sur cette sorte de passivité qui lui était reprochée par la suite, l’homme se repliera sur lui-même et se trouverait aujourd’hui en Allemagne au motif de soins médicaux suite à des contusions subies sur terrain. Un justificatif qui soulève le scepticisme lorsqu’on sait qu’il n’a jamais été vu sur terrain, une présence qui, d’ailleurs, n’est pas l’apanage des généraux.
 
Jouer le jeu de l’ennemi
C’est, en fait, en avril 2013 que le Président Kabila avait compris que la paix à l’Est de la RD-Congo et la mise en échec du plan de balkanisation de la RD-Congo passeraient avant tout par la voie des armes. L’ennemi qui pensait avoir neutralisé définitivement les FARDC, avait initié une diversion -avec les pourparlers prolongés par des sommets et des réunions de haut niveau aussi bien dans les Grands Lacs, en Afrique via l’UA-comme à l’ONU- pour reprendre les hostilités afin de s’installer confortablement et pour longtemps sur une bonne part du territoire du Nord-Kivu. La fameuse balkanisation de la RD-Congo était au bout du canon et c’est là qu’il fallait l’anéantir.
Jouant le jeu de l’ennemi en répondant à tous les rendez-vous internationaux, Kabila va jusqu’à donner à la Communauté internationale ce qu’elle réclame: dialogue politique et négociations diplomatiques. Mais il garde pour lui l’arme fatale: l’offensive militaire, justement là où on l’attend le moins.
Kabila sait que pour réussir une telle opération, il lui faut s’assurer d’un black-out total autour de sa stratégie, mais aussi d’une équipe restreinte aussi dévouée que discrète, patriote, engagée et déterminée. Il commence par rappeler à Kinshasa tous les officiers qui se trouvaient sur terrain et parmi lesquels se comptaient les traîtres et les affairistes.
Tous sont, dans un premier temps, logés dans des hôtels aux frais de l’Etat. Certains sont même promus lors des récents avancements en grade. Personne, alors, ne sait exactement ce qui est en train d’arriver. Un mystère est percé lorsque le Président de la République va désigner un nouveau commandement sur terrain.
Pendant ce temps, il recrute personnellement ce précieux personnel avant de définir le mode opératoire du nouveau commandement placé sous sa conduite directe. Par souci de discrétion, Kabila choisi d’interagir avec cette Task-force par cloisonnement: réunions en groupe, rencontres restreintes, échanges individuels se succèdent ainsi dans la discrétion la plus totale autour du Commandant suprême. Certains témoins de l’évolution du plan confient que la plupart des membres de l’équipe restreinte ignoraient l’objectif des rencontres auxquelles ils étaient associés.
 
Comment l’ennemi était cerné
Kabila a eu également l’initiative personnelle d’arrêter une stratégie et une articulation opérationnelle de sa mise en œuvre. La tâche, pour ce faire, n’est pas trop hardie, car le Président a l’avantage de connaître le terrain, les positions de l’ennemi du moment ainsi que son modus operandi au regard de ses précédentes offensives. Kabila dégage trois fronts essentiels: le front Sud sur l’axe Goma:Kibati-Kibumba-Rumangabo; le front Nord en deux axes: Rwandi-Kahunga-Kiwanja-Rutshuru et Nyamilima-Nyongera-Kiwanja. Il y a, enfin, le front centre sur l’axe Tongo-Kalengera-Tamugenda.
Tout ceci se passe in tempore non suspecto. En effet, on est encore en avril 2013 lorsque Kabila pond ses plans. C’est aussi en cette période qu’il décide d’une charge en trois phases qui ne dépassent pas un délai de 30 jours. La fulgurance de l’offensive des FARDC en sera la démonstration la plus éclatante.
Pour cela, le Commandant suprême se penche en profondeur sur la réorganisation et l’équipement de l’armée.
Il constitue avant tout une task-force pour améliorer le plan opérationnel initial; organise les appuis feux ainsi que la chaîne d’approvisionnement, etc. Tout avec le concours du CEMG Etumba qui exécute fidèlement les instructions de sa hiérarchie.
A la mi-août, Kabila décide d’engager une opération test pour reconquérir Kibati. Celle-ci vise à mettre Goma hors de portée de l’ennemi et à tester l’efficacité de la machine offensive mise en place. C’est à ce stade que le commandant des opérations, le Général Jean-Lucien Bauma, alors basé encore à Kisangani, est mis à contribution.
C’est aussi en ce moment qu’une jonction est faite discrètement avec le commandement opérationnel de la MONUSCO. La mission onusienne, qui s’efforce à protéger les civils, est particulièrement enthousiaste à l’idée de mettre Goma à l’abri.
Les derniers réglages sont ensuite faits, notamment le renforcement du front Nord en positionnant à Beni la première brigade de défense qui vient de sortir à Kamina. Cette brigade va donc constituer la réserve opérationnelle de l’opération «Pomme orange».
 
Les 11 glorieuses
Début octobre, après une visite des fronts par le CEMG Didier Etumba sur instruction du Commandant suprême, toutes les unités sont mises sous préavis zéro. Lorsque les combats sont engagés, les observateurs au fait des opérations sont surpris par la progression horlogère des FARDC. En trois phases comme prévu sur papier, les troupes régulières parviennent à conquérir, en deux jours, Kibumba, Gasizi au sud; Kazlengera et Rubare au centre, et Kahunga et Nyongera au Nord.
En une journée, les FARDC parviennent à reprendre Rugari et Rumangabo au sud; Ntamugenda au centre, et Kiwanja et Rutshuru au nord. Et en sept jours, les FARDC s’acquittent honorablement de la phase décisive et la plus délicate en conquérant successivement Bunagana, Mbuzi, Runyoni et Tshanzu. Il fallait beaucoup de tacts pour évoluer dans cette zone située à l’intersection des frontières RD-Congo-Ouganda-Rwanda.
Toutes ces opérations se déroulent donc sous le commandement personnel de Joseph Kabila, en contact permanent avec le Général Etumba qui, lui, suit de près le Général Bauma. Pour mener à bien ces opérations, le Commandant suprême des FARDC avait arrêté un barème de consignes strictes que tout le monde était tenu de respecter.
Il s’agissait, entre autres, du respect scrupuleux de la chaîne de commandement, de la discrétion totale, de l’observance de la discipline, du rejet de toute forme de collaboration avec d’autres groupes armés, quelle qu’en soit la nationalité, de la protection de la population ou encore du respect strict des droits de l’homme et de la guerre, et du droit humanitaire internationale.
 
Débutée le 25 octobre 2013 l’opération «Pomme orange» prendra fin le 5 novembre de la même année, soit dans les délais initiaux qui étaient de 30 jours. 11 jours auront ainsi suffi pour laver l’affront et réhabiliter l’honneur des FARDC. 11 jours pour changer l’histoire et ouvrir une nouvelle page de la vie à l’Est de la RD-Congo. 11 jours pour rétablir le respect du grand Congo dans les Grands Lacs et dans le concert des Nations.
L’histoire retiendra la vaillance des troupes qui auront réhabilité la RD-Congo dans son honneur. Elle reconnaîtra aussi les mérites de Joseph Kabila qui, dans le silence le plus total, s’est acquitté avec vaillance de sa responsabilité de Garant de la nation et de l’intégrité du territoire.
KISUNGU KAS (africanewsrdc.com)
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