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Carnet de voyage - En plus du climat d’insécurité, Goma pleure ses routes

Written By FODABI on jeudi 14 novembre 2013 | 00:58

Capitale provinciale du Nord-Kivu, la ville de Goma est malade de sa voirie. Toutes les routes de cette pittoresque agglo touristique sont dans un état de délabrement avancé. Le décor fait tout de suite penser à une destruction méchante de ces artères. Toutes sont couvertes des nids-de-poules béants. Comme si elles avaient été la cible des bombes. A l’exception du Boulevard, le reste de la voirie offre un décor désolant.
Pas la moindre couche d’asphalte. Des nids de poule expansifs coupent parfois certaines avenues. Après la pluie, des flaques d’eaux visibles même au loin écument la voie. Pas un seul engin sur le terrain qui suggérerait un début des travaux.
 
Ce tableau, certes partiel, peint le décor de la voirie urbaine à Goma. Déjà, au sortir de l’aéroport, la principale route qui relie Goma à Kisangani soumet les passagers à bord de véhicules à d’interminables cahots. Au quartier populaire de Birere, par exemple, des routes défoncées sont la règle. Et, celles couvertes d’une légère couche d’asphalte, l’exception. Toutes rappellent les souvenirs du beau vieux temps des routes asphaltées. Y compris la route qui conduit à la résidence même du Gouv de la province.

Un habitant de la ville interrogé au petit marché de Birere ne retient pas sa langue. « La dégradation des routes de Goma n’est pas un fait nouveau. Elle s’explique essentiellement par des cycles de rébellion à vagues successives ici chez nous. En commençant par la guerre de l’Alliance des forces de libération (AFDL), jusqu’à l’actuelle. En passant par les rébellions du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et le Congrès national pour le développement du peuple (CNDP)», dit cet homme visiblement désespéré. Autrement dit, les différentes guerres dans l’Est de la République démocratique du Congo sont l’une des causes majeures de la détérioration de la voirie de Goma. A ces conflits s’ajoute un facteur naturel, à savoir l’éruption du très célèbre volcan Nyiragongo.

Le 17 janvier 2002, un jeudi vers 5 heures du matin, trois coulées de laves dévalaient la pente de Nyiragongo. L’aéroport de Goma fut la première infrastructure touchée. Sa piste avait été coupée en deux. La lave avait par la suite attaqué Goma en plein centre. La principale avenue de la ville fut sa trajectoire, avant de se répandre sur d’autres rues adjacentes. Onze ans après, la ville de Goma porte encore les « reliques » de ce phénomène naturel. Ca et là, on perçoit d’importants blocs noirâtres, comparables aux roches massifs qui écument la plaine située sur la route qui relie les villes de Mbuji-Mayi et Mwene-Ditu, dans la province du Kasaï-Oriental. Des efforts d’assainissement de l’environnement avaient été entrepris par les autorités locales. Mais ils paraissent bien maigres au regard de l’ampleur même de la catastrophe. En d’autres termes, l’Exécutif provincial seul, ne pourrait peut-être pas grand-chose.

GOMA-RUTSHURU : UN PARCOURS DE TOUTES EPREUVES

Si les populations de Goma pleurent leur voirie, la consternation est plus manifeste sur les visages des commerçants soit à destination de Goma, soit de Béni. A la base de leur mélancolie, le très mauvais état dans lequel se trouve la Nationale n°2, dans son tronçon compris entre Goma et Butembo, en passant naturellement par Béni. C’est donc cette voie, l’unique d’ailleurs, qui relie les deux villes martyres de la RD Congo (histoire oblige), à savoir Goma dans le Nord-Kivu et Kisangani, capitale de la Province-Orientale, située dans le Nord-est du pays.

Même si nous n’avons pas été jusqu’à Butembo, l’œil de Forum des As a constaté que cette route, dans sa partie comprise entre Goma et Rutshuru constitue un véritable chemin de la croix pour les automobilistes. Leurs passagers aussi. Il s’agit particulièrement de grands camions. En l’occurrence les véhicules –remorques en provenance de Béni, Butembo et qui prennent la direction du centre-ville de Goma. Et, inversement. A première vue, on croirait que la voie est désaffectée. Pourtant. Elle est l’unique artère que doivent emprunter les motards, les cyclistes et autres vélos en bois, made in Nord-Kivu, communément appelés « Tshukudu ».

Ce bicycle en bois bien que rappelant une civilisation médiévale, reste cependant l’un de principaux moyens de transport de marchandises très en vogue dans la partie Est du territoire congolais. Mais tout le problème est le mauvais état de la route. Sur ce tronçon de toutes les épreuves, à priori seuls les chars de combats et autres véhicules blindés peuvent affronter le défi.
Les transporteurs moyens devraient peut-être s’en méfier. Ce qui est impossible parce qu’ils ne peuvent qu’emprunter cette voie. Dans ces saccades sans arrêts, les automobilistes doivent s’assurer dès le départ que leurs amortisseurs résistent aux dures réalités que présentent cette route de tous les dangers.
Après la victoire au front militaire, les populations du Nord-Kivu en général, et en particulier celle de Goma, attendent un autre succès du Gouvernement central dans le volet Infrastructures. Les routes étant le principal facteur de développement.
Laurel KANKOLE
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