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Congo-Rwanda : Les déboires de Kagamé et l’espoir pour le Congo

Written By FODABI on samedi 2 novembre 2013 | 09:00


Les Congolais sont peut-être en train de remporter la difficile lutte pour leur survie en tant que nation face à la plus grande menace qui planait sur le pays depuis près de deux décennies : le régime rwandais de Paul Kagamé. Soutenu par un vaste réseau international alimenté par le pillage des richesses du Congo (coltan de nos téléphones portables), le dictateur rwandais a longtemps caressé le rêve de détruire la Patrie de Lumumba pour s’accaparer les riches régions du Kivu afin de les saigner au profit des multinationales. Il semble que le rêve devient de moins en moins réalisable. Le régime rwandais a perdu la bataille du droit et la bataille du temps face à un peuple congolais resté uni dans ses frontières, malgré les souffrances endurées. De plus, le Président rwandais, principal artisan des troubles au Congo, est maintenant confronté à des difficultés d’ordre personnel dont il ne peut se sortir en restant indemne.
En effet, qu’il s’agisse des révélations de ses anciens proches en exil, (les généraux Faustin Kayumba et Patrick Karegeya, prêts à témoigner devant la justice sur l’attentat du 06 avril 1994), des succès militaires du colonel congolais Mamadou Ndala sur le front au nord de Goma, de la tension entre le Rwanda et la Tanzanie, de la froideur des Etats-Unis, de la détérioration de l’image du Rwanda associée aux crimes du M23, et surtout de la détermination des Congolais à ne pas se soumettre au pouvoir de Kigali, plus rien ne semble garantir aux dirigeants rwandais l’espoir de régner sur le Congo, comme ils en rêvaient. Le récent voyage de Barack Obama en Afrique qui achevé sa tournée en Tanzanie, sans faire le moindre cas du Rwanda sonne comme un indicateur de l’isolement progressif du régime de Kigali qui devient de plus en plus infréquentable. Est sûrement révolu le temps où les « grands du monde » s’empressaient au Rwanda pour aller serrer la main de Paul Kagamé.
Echec du complot de balkanisation du Congo
Pourtant tout avait « bien » commencé pour l’élite politico-militaire rwandaise. Dans les fameux accords de Lemera[1], signés le 23 octobre 1996, il s’agissait, pour le Rwanda, de déplacer sa frontière de 300 kilomètres à l’intérieur du Congo. Le Président rwandais de l’époque, Pasteur Bizimungu, appela même à l’organisation d’un Berlin II pour procéder à un nouveau tracé des frontières entre le Congo et le Rwanda. Le projet n’ira jamais loin puisque chaque fois que les « rebelles » « congolais », formés et soutenus par le Rwanda, arrivaient au pouvoir à Kinshasa, ils reniaient leurs engagements secrets avec les autorités de Kigali. Au final, le Pays des Mille Collines ne sait plus trouver un dirigeant « congolais » capable de l’aider à réaliser son rêve d’expansion territoriale.
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Quant aux fameux accords du 23 mars 2009[2] dont se prévaut le M23, ils sont dans l’impasse. Ils permettaient pourtant au Rwanda de masser des troupes et des populations rwandaises dans le Kivu (article 6 de l’accord), profitant de la complicité du régime de Joseph Kabila (ou de sa passivité). L’objectif était d’atteindre une masse critique des troupes et des populations permettant de déclarer la partition du Congo. Mais les atrocités infligées aux populations autochtones, sûrement dans un effroyable but de dépeupler le Kivu pour libérer une place aux Rwandais (massacres, viols de masse, assassinats, campagne de terreur, déplacement forcé des populations,…) ont fini par choquer l’opinion internationale qui se détourne peu à peu du régime de Kigali. Les médias, les ONG et les Etats ne peuvent pas longtemps se taire face au génocide que subit le peuple congolais (six millions de morts), les femmes du Kivu en particulier.
Au fil du temps, les aventures rwandaises au Congo se compliquent. L’affirmation du général Karegeya selon laquelle depuis le début le Rwanda « en est toujours au même point » et « n’aurait obtenu aucun résultat » dans la guerre contre le Congo, sonne comme l’aveu d’un dépit. Les dirigeants rwandais n’ont pas fait avancer leur objectif de départ d’un seul centimètre puisque depuis les 17 ans qu’ils s’acharnent contre le Congo, le Congo est toujours là, le peuple congolais, même martyrisé à l’extrême, est toujours là.
 
 
La crédibilité de la parole officielle du Rwanda en question
Pour revenir sur les révélations des généraux rwandais, c’est la parole officielle de Kigali qui perd définitivement en crédibilité. Comment continuer à contester les chercheurs et les journalistes qui attribuent, dès 1994, la responsabilité de l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana à l’actuel Président rwandais ? On a maintenant le témoignage de deux anciens haut-gradés du FPR, des proches de Kagamé avec qui il a cheminé depuis les maquis du Sud de l’Ouganda jusqu’à la prise du pouvoir à Kigali. Comment continuer à faire la sourde oreille aux Congolais qui répètent depuis 1996 qu’ils sont victimes de guerres d’agression et d’occupation ? Il n’y a jamais eu de rébellion congolaise. Ceux qu’on présente comme des rebelles congolais, depuis près de vingt ans, sont un « conglomérat » de soldats rwandais, d’aventuriers et de naufragés politiques de tous poils en errance dans cette partie de l’Afrique.
Les mots comme « tutsis congolais » qu’on répète en boucle sont une monumentale arnaque politico-médiatique. De l’aveu même des deux généraux rwandais, Bosco Ntaganda (tutsi) n’a jamais été un citoyen congolais. C’est un soldat rwandais, formé au Rwanda et envoyé au Congo par Paul Kagamé. L’ensemble des crimes dont il s’est rendu coupable, et les Congolais en ont vraiment souffert (massacres[3], viols de masse, pillages, recrutement d’enfants,…), est à mettre sur le compte de Paul Kagamé, puisque Ntaganda était en mission au Congo. Et des Ntaganda, il y en a encore des centaines, voire des milliers au Congo, tous se conduisant à peu près de la même façon. Parce qu’ils sont en mission pour détruire le Congo et anéantir la population congolaise. Il suffit de passer au crible certaines unités des FARDC pour mettre en lumière la tragédie que le régime de Paul Kagamé continue d’infliger aux populations congolaises.
Le réveil de la communauté internationale
Les vérités de la région commencent à gagner les esprits. Le locataire de la Maison Blanche a ainsi achevé sa visite africaine en Tanzanie, un pays pourtant en conflit ouvert avec le Rwanda. Avant l’arrivée de Barack Obama, le Président tanzanien avait suggéré aux autorités rwandaises de discuter avec leurs opposants opérant dans l’Est du Congo. La réaction de Kigali a été d’une brutalité digne des gangsters. Paul Kagamé, après avoir qualifié son homologue tanzanien d’« inculte », a promis qu’il l’attendrait quelque part pour le frapper. On sait que le dictateur rwandais a la sinistre réputation de frapper de ses propres mains[4] les gens dans son entourage (ministres, ambassadeurs, visiteurs). Mais de là à envisager de frapper un chef d’Etat, il est allé trop loin et les Tanzaniens ont promis de « le fouetter comme un petit gamin ».
Le réveil de la communauté internationale
Les batailles perdues par Kagamé
Ainsi, même si le Congo n’est pas encore tiré d’enfer, il y a au moins quelques leçons qu’on peut commencer à tirer de cette lutte entre un tyran mégalomane et un peuple innocent. Paul Kagamé a perdu au moins deux batailles et ne peut plus se rattraper : la bataille du droit et la bataille du temps.
La bataille du droit 
Pour faire la guerre, il faut être légitime. Parce que la guerre n’est pas une affaire strictement « militaire ». La guerre est pour l’essentiel une question de légitimité. Chaque fois que l’armée rwandaise franchit la frontière du Congo, le Rwanda viole la Charte de l’ONU et un ensemble de normes internationales garantissant l’inviolabilité des frontières des Etats. C’est un acte très grave en droit international puisqu’il a valu la Première Guerre du Golfe à l’Irak de Saddam Hussein dont l’armée avait envahi le Koweït. Dans la crise des Grands-Lacs, tous les pays membres de l’ONU sont légitimes, à l’appui de l’article 2§4 de la Charte de l’ONU, pour envoyer des troupes au Kivu et chasser l’armée rwandaise dissimulée derrière l’étiquette du M23, définie comme telle dans les rapports des experts de l’ONU[5] et dans les propos des généraux rwandais Faustin Kayumba et Charles Karegeya. Le M23 n’a rien de congolais.
Toujours sur la bataille du droit, perdue par Kigali, il faut rappeler que chaque jour qu’un soldat rwandais passe en mission sur le territoire congolais est un acte d’agression et d’occupation auquel les populations autochtones opposent une résistance, même armée, mondialement reconnue comme légitime. Et chaque massacre, meurtre, viol, pillage commis au Congo par l’armée rwandaise est une violation du droit humanitaire (4ème convention de Genève) régissant le droit de la guerre.
Soutenu par plusieurs dirigeants étrangers (Bill Clinton, Tony Blair, Louis Michel), Paul Kagamé peut continuer à perpétrer des exactions au Congo et à violer les lois internationales. Mais chacun de ses actes est constitutif de crime imprescriptible et l’histoire finit toujours par rattraper les tyrans et leurs acolytes. Les Khmers rouges ont fini par rendre les comptes devant la justice. Les cadres nazis continuent d’être capturés et livrés à la justice. Les génocidaires rwandais n’ont point de répit.
 L’ambassadeur américain chargé des crimes de guerre au Département d'Etat, Stephen Rapp, a déjà prévenu que le Président rwandais pourrait être poursuivi devant la Cour Pénale Internationale pour son soutien à la rébellion du M23 (The Guardian). Il avait évoqué la « jurisprudence » Charles Taylor, ancien Président libérien, aujourd’hui en prison à La Haye pour avoir soutenu les rebelles du RUF en Sierra Leone, en échange des minerais de sang, exactement comme le fait le Rwanda avec le M23 dans l’Est du Congo. Le rêve de l’impunité est ainsi une illusion. Tout est question de temps, une autre bataille perdue par le régime de Paul Kagamé.
La bataille du temps
Les régimes passent, les peuples restent. Le Congo et les Congolais ont enduré énormément d’épreuves au cours de leur siècle d’existence en tant que nation. L’ancien roi des Belges Léopold II a fini son règne sur un Congo que son administration venait d’ensanglanter. Des millions de Congolais mutilés (les mains coupées pour punir les paysans qui n’apportaient pas assez de caoutchouc). Près de 10 millions de Congolais tués sous le règne de Léopold II. La Belgique coloniale qui prit le relais aurait pu laisser un meilleur souvenir sans l’assassinat de Lumumba. Quant à Mobutu qui fut un réformateur dynamique à ses débuts il devint le dictateur qu’on connait. Paul Kagamé et son réseau des mafieux anglo-saxons passeront. Le plus triste pour les Rwandais qui vont continuer à vivre en voisins des Congolais, c’est que le Président rwandais n’a pu exercer sur le Congo qu’un pouvoir de nuisance.
Léopold II a quand même laissé la ligne de fer Kinshasa-Océan. Les Belges ont laissé des routes, des écoles, des hôpitaux, des Eglises. Mobutu a laissé le barrage d’Inga et un héritage de fierté revendiqué au Congo, en Afrique et ailleurs.
Que restera-t-il, au Congo, du passage de Kagamé et de son réseau international d’affairistes ?
Un champ de ruine. Six millions de morts, des milliers de femmes contaminées et déshonorées à vie, des millions de familles indéfiniment en deuil…
Un désastre… un génocide…
Boniface MUSAVULI
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