RUMANGABO, 29 octobre 2013 (AFP) - Les combattants du M23 se regroupaient mardi dans leur réduit montagneux près de la frontière ougandaise, traqués par les Forces armées de la République démocratique du Congo (RDC), ragaillardies par leur récents progrès contre les rebelles. Signe du recul massif des rebelles, des habitants qui avaient fui commençaient à rentrer chez eux, et la circulation reprenait sur la route reliant Goma, la capitale du Nord-Kivu, à Rutshuru, 80 kilomètres plus au nord, a constaté un journaliste de l'AFP. Après trente-six heures de silence, le Mouvement du 23 Mars (M23), dont la communication est pourtant rodée, a publié sur son site internet un communiqué assurant que sa déroute des derniers jours n'était "nullement un signe de faiblesse", mais un repli tactique sur sa "base arrière de Bunagana", fief des autorités politiques du mouvement, à la frontière avec l'Ouganda. Lundi, après quatre jours de combats entre l'armée régulière et les rebelles, le chef de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), Martin Kobler, avait indiqué que "presque toutes les positions du M23 avaient été abandonnées, et estimé que cela marquait "quasiment la fin militaire du M23". Mais cet optimisme n'était pas partagé mardi par Fidel Fabilemba, chercheur à l'ONG américaine Enough Project, pour qui le M23 est "capable de bien des surprises, même s'il est poussé en dehors des frontières".
Selon un habitant joint au téléphone par l'AFP, les combattants du M23, se déployaient dans la matinée sur les collines verdoyantes de Chanzu et Mbuzi, à environ 2.000 mètres d'altitude, 80 kilomètres au nord de Goma, dans la province du Nord-Kivu, riche en ressources naturelles et minières convoitées.
Le M23 est né en avril 2012 d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée en 2009 après un accord de paix. L'ONU et Kinshasa accusent régulièrement l'Ouganda et le Rwanda de le soutenir, ce que réfutent Kigali et Kampala.
De Rumangabo, base militaire importante, à une quarantaine de kilomètres au nord de Goma, reprise lundi par l'armée, un journaliste de l'AFP a entendu des tirs de mortiers au loin vers 11h30 (09h30 GMT). "Ca doit être des affrontements dans la zone de Chengerero-Rwanguba", non loin des collines occupées par les rebelles, a indiqué un commandant d'unité de chars de combats. Dans la base militaire construite par les Belges avant l'indépendance et abandonnée par le M23, le journaliste de l'AFP a vu d'importantes quantité de munitions (obus de mortiers de divers calibres) laissées par les rebelles. Le général Lucien Bauma, commandant la huitième région militaire était présent dans la base, où la vie militaire semblait avoir repris un cours normal.
Entre Goma et Rutshuru, libérée des rebelles dimanche, des minibus et des camions de marchandises circulaient dans les deux sens. Près de Kibumba (25 km au nord de Goma), où les combats avaient repris vendredi, on pouvait voir un char brûlé. Selon le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l'armée au Nord-Kivu, il s'agit "du seul char pris par les rebelles lors de la prise de Goma", en novembre 2012, qui avait marqué l'apogée du M23.
Sur la piste remontant vers le nord une centaine de personnes évacuées de Kibumba, essentiellement des femmes et des enfants, revenaient chez elles, chargées de leurs affaires maintenant que les forces gouvernementales contrôlent intégralement la localité.
"Je suis contente de rentrer chez moi. La guerre est finie. Nous allons vivre à nouveau sous le règne du gouvernement", a dit à l'AFP Judith Bora, 29 ans, portant son bébé.
"Fini la rébellion, fini les tracasseries. Nous avons souffert avec les rebelles. Nous voulons que le gouvernement nous laisse vivre en paix", a renchéri Elias Nzibonera, 30 ans, entouré de ses chèvres.
Un autre habitant qui avait fui comme des milliers d'autres vers le Rwanda voisin vendredi a indiqué être rentré chez lui. "La situation est calme, il n'y a pas de problème", a-t-il dit, joint par téléphone, "on n'entend plus de détonations mais des amis à Bunagana et Mbuzi me disent qu'il y a des affrontements qui se poursuivent dans leur zone".
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